Ce que dit la loi de bioéthique qui encadre le don d'ovocytes
En France, le don d’ovocytes, comme tous les dons d’éléments du corps humain, est encadré par la loi de bioéthique.
(Loi de bioéthique n°2004-800 du 6 août 2004 modifiée en 2011 et en 2021)
La loi de bioéthique a évolué en 2021
Dans la loi de bioéthique votée en 2021, 3 articles modifient le cadre législatif de l’Assistance Médicale à la Procréation (AMP) afin de permettre :
- l’accès à l’AMP aux femmes célibataires et aux couples de femmes ;
- l’accès aux origines des personnes issues d’un don de gamètes et d’embryons ;
- la conservation de ses propres gamètes en vue d’une utilisation ultérieure éventuelle sans indication médicale et sans condition de don d’une partie des gamètes à autrui.
Élargissement de l’accès à l’AMP à toutes les femmes, qu’elles soient en couple avec un homme, avec une femme ou qu’elles soient célibataires.
Jusqu’à ce jour, l’AMP était réservée :
- aux couples composés d’une femme et d’un homme rencontrant un problème de fertilité,
- aux personnes à risque d’altération de la fertilité (prise de traitement gonadotoxique notamment dans les cancers, interventions chirurgicales, endométriose….) et souhaitant la préserver,
- aux personnes souhaitant éviter la transmission d’une maladie génétique grave à l’enfant.
Désormais, l’AMP est accessible :
- aux couples composés d’un homme et d’une femme ;
- aux femmes célibataires et aux couples de femmes.
L’utilisation de gamètes en vue d’une AMP est désormais possible :
- jusqu’au 45ème anniversaire de la femme
- jusqu’au 60ème anniversaire de l’homme
Fin 2023, 890 femmes étaient candidates au don d’ovocytes.
Je m'engageAutoconservation de ses gamètes
Pourquoi autoconserver ses gamètes ?
L’autoconservation consiste en la congélation et la conservation de ses propres gamètes (ovocytes ou spermatozoïdes) pour les avoir à disposition si, plus tard, un projet d’enfant devait nécessiter une AMP. Quand l’âge augmente, les chances de procréer diminuent et les risques pour la santé des enfants augmentent. Ce phénomène, physiologique, est plus précoce et plus marqué chez la femme. L’indication de l’autoconservation des gamètes n’est pas d’ordre médical mais résulte d’un choix de la personne.
Pour en savoir plus, rendez-vous sur : https://www.procreation-medicale.fr/autoconservation-gametes/.
Chances de succès et risques de l’AMP
Conserver ses gamètes ne garantit aucunement le succès de l’AMP ni la naissance d’un enfant, particulièrement l’autoconservation des ovocytes.
Consultez les chiffres et résultats de l’AMP en 2020.
A noter également que la santé des enfants issus d’une AMP fait l’objet d’études scientifiques.
Une fiche d’information / brochure est disponible sur cette page dédiée à la santé des enfants issues d’une AMP ainsi que sur ce lien de téléchargement.
L’autoconservation : le cadre
La loi de bioéthique introduit la possibilité d’auto-conserver ses gamètes :
- pour les femmes à compter du 29ème anniversaire et jusqu’au 37ème anniversaire et les hommes à compter du 29ème anniversaire et jusqu’au 45ème anniversaire en vue de la réalisation d’une AMP ultérieure ;
- sans condition d’infertilité ;
- sans condition de don d’une partie des gamètes à autrui ;
- dans le cadre d’une prise en charge médicale par l’équipe clinicobiologique et avec le consentement écrit après information sur les conditions, les risques et les limites de la démarche et de ses suites.
Puis-je donner mes ovocytes et en garder une partie pour moi-même ?
Au cours d’un don d’ovocytes, on ne peut pas garder une partie des ovocytes pour soi-même.
Si je souhaite aussi auto-conserver des ovocytes, je dois m’engager dans un parcours d’autoconservation d’ovocytes hors indication médicale.
L’autoconservation sans indication médicale est différente de la préservation de la fertilité pour raison médicale
Avant un traitement susceptible d’altérer le fonctionnement des ovaires ou des testicules, une congélation des gamètes doit être proposée au patient :
- Pour la femme le prélèvement des ovocytes dans le cadre de la préservation de la fertilité peut se faire jusqu’au 43ème anniversaire
- Pour l’homme, le prélèvement des spermatozoïdes dans ce cadre peut se faire jusqu’au 60ème anniversaire.
On parle alors de préservation de la fertilité. Le cadre était déjà défini par les précédentes lois de bioéthique.
La poursuite de la conservation des gamètes, année après année
Chaque année, les personnes qui auront réalisé une autoconservation devront faire savoir si elles souhaitent :
- les conserver,
- les utiliser en vue d’une AMP,
- en faire don à des personnes en attente d’un don de gamètes,
- en faire don à la recherche scientifique,
- mettre fin à leur conservation.
Il est possible de préciser son choix sur le devenir de ses gamètes en cas de décès.
Lorsque vous faites le choix d’arrêter la conservation de vos gamètes, une confirmation vous sera demandée après un délai de trois mois.
En l’absence de réponse aux relances pendant 10 ans, vos gamètes conservés pourront être détruits.
Le coût de l’autoconservation d’ovocytes
- Quel est le coût de l’autoconservation d’ovocytes ?
- Les dépenses engendrées par le prélèvement des ovocytes en vue de leur autoconservation sont prises en charge par l’Assurance maladie.
- Néanmoins, les coûts relatifs à la congélation de ces ovocytes ne font pas l’objet d’un remboursement de la part de l’Assurance Maladie et reste à la charge des assurés, représentant un montant de 40,50€ par an.
Accès aux origines pour les personnes majeures issues d’une AMP avec tiers donneur
Les personnes issues d’un don de gamètes ou d’embryons peuvent prétendre à leur majorité avoir accès à l’identité du ou des donneur(s) qui ont permis leur naissance mais aussi à des informations non identifiantes.
La Commission d’Accès des Personnes nées d’une Assistance médicale à la procréation aux Données des tiers Donneurs (CAPADD), commission placée auprès de Ministère de la Santé et de la Prévention, permet aux personnes ayant donné leurs gamètes avant le 1er septembre 2022 de se manifester pour donner accès à leurs données si elles le souhaitent.
- Ces données sont ensuite collectées dans un registre tenu par l’Agence de la biomédecine.
- À noter que les données de toutes les personnes qui font un don depuis le 1er septembre 2022 figurent dans ce registre.
Aucun lien de filiation ne peut être établi entre la personne issue d’un don de gamètes ou d’embryons et le donneur ou la donneuse.
Je visite le site de la CAPADD
Pour les personnes nées d’une AMP avec don réalisée avant le 1er septembre 2022
2 cas de figures sont possibles :
- 1er cas de figure :
- Le donneur et/ou la donneuse consentent à la transmission de leurs données identifiantes et non identifiantes en se rapprochant de la CAPADD.
La personne issue du don aura alors accès aux données demandées.
- Le donneur et/ou la donneuse consentent à la transmission de leurs données identifiantes et non identifiantes en se rapprochant de la CAPADD.
- 2ème cas de figure
- Le donneur et/ou la donneuse ne consentent pas à la transmission de leurs données.
Dans ce cas, la personne issue du don n’aura pas accès aux données demandées et les gamètes potentiellement restants seront détruits.
- Le donneur et/ou la donneuse ne consentent pas à la transmission de leurs données.
Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site de la CAPADD.
Les donneurs et les donneuses ayant donné leurs gamètes avant le 1er septembre 2022 auront la garantie que ni leur identité ni leurs données non identifiantes ne seront révélées aux personnes issues de leur don s’ils n’y ont pas expressément consenti. Leurs gamètes éventuellement encore disponibles ne pourront plus être destinés au don et seront détruits à compter d’une date qui sera fixée par décret.
Le don d’ovocytes reste soumis à trois grands principes :
Le don est volontaire
- La donneuse d’ovocytes ne doit subir aucune pression, de quelque nature que ce soit.
- Elle signe un formulaire de consentement après avoir été pleinement informée. Elle peut revenir à tout moment sur son consentement, jusqu’à l’utilisation des ovocytes.
- À noter que depuis le 1er septembre 2022, le consentement du conjoint ou de la conjointe n’est plus obligatoire.
- Enfin, il n’est pas nécessaire d’avoir déjà eu des enfants pour donner ses gamètes.
Le don est gratuit
- La donneuse d’ovocytes ne perçoit aucune rémunération en contrepartie de son don.
- En application de la règle de neutralité financière, elle bénéficie de la prise en charge de tous les frais occasionnés par le don, médicaux et non médicaux.
Le don est anonyme
- Le don de gamètes est toujours anonyme.
- La loi de bioéthique de 2021 permet uniquement un droit d’accès aux origines pour les seules personnes issues d’un don.
- Ainsi, elles peuvent, à leur majorité et si elles le souhaitent, accéder aux données non identifiantes et à l’identité des donneurs en contactant la Commission d’Accès des Personnes nées d’une Assistance médicale à la procréation aux Données des tiers Donneurs (CAPADD).
- Cette Commission est placée auprès du Ministère de la Santé et de la Prévention, et ces données sont strictement personnelles.
- La donneuse quant à elle ne peut pas connaître l’identité des personnes qui recevront son don.
Et inversement.
L’accès aux origines n’impacte en aucun cas la filiation.
Ainsi, aucun lien de filiation ne pourra être établi entre la personne issue d’un don de gamètes et la donneuse. Les parents de cet enfant restent bien la femme ou le couple qui l’a désiré et qui ont réalisé la démarche d’assistance médicale à la procréation et qui l’ont vu naître.
La loi de bioéthique précise que le recours au don de gamètes d’une même donneuse ne peut conduire à la naissance de plus de 10 enfants.